Joseph, un havrais, Poilu d'Orient. (par Nicéphore)
1914, Joseph Bucaille, entre dans sa quarante-deuxième année et exerce la profession d'artisan serrurier, au Havre, rue Collard. En raison de son âge, il fait partie de la réserve territoriale. Il a donc peu de risques d'être mobilisé.
Mais voilà, les terrifiantes pertes humaines du début de la guerre (300 000 soldats tués et plus du double de blessés, en 6 mois) font rappeler sous les drapeaux des gens qui ont passé l'âge de tenir un fusil. Qu'importe ! les marchands d'armes ne sont pas regardants sur la qualité de leurs victimes.
Donc, en mars 1915, notre brave Joseph est incorporé dans un régiment du génie, sans doute, à cause de sa spécialité dans le civil.
A son grand désespoir, il est envoyé à Salonique fin octobre 1915. Mais le climat, les mauvaises conditions sanitaires font des ravages. Malade, Il sera rapatrié en france en 1917 et finira la guerre comme ouvrier spécialisé dans une usine ... d'armement. Les marchands d'armes, ont toujours le dernier mot !
Il a laissé un certain nombre de carnets et documents , qui relatent son séjour à l'armée d' Orient. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous en présenter quelques extraits.
*Pour ceux que le sujet intéresse, un petit diaporama, est à votre disposition en supplément de cet article, en page d'accueil.
Mais, qui était donc, un " Poilu d'Orient " ?
Bref rappel historique :
Si le front occidental fut le principal de la Première Guerre mondiale, où les soldats immobilisés dans la boue des tranchées se sont affrontés durant quatre longues années, il y eut en d'autres lieux, de durs combats.
Le front des Balkans (Yougoslavie - Albanie - Bulgarie - Empire ottoman) fait partie de ces théâtres d'opérations périphériques dont l'importance, souvent minimisée, n'en a pas moins été réelle.
Fin 1914, à l'ouest comme à l'est, la situation sur le front est bloquée. Les Alliés cherchent alors une manœuvre de diversion qui rendrait au conflit une mobilité stratégique.
On pense alors à attaquer la Turquie , alliée de l' Allemagne. Après une expédition maritime désastreuse en février-mars 1915, sur la côte du sud de la Turquie , (au détroit des Dardanelles) le corps expéditionnaire essentiellement franco-anglais est transbordé hâtivement à Salonique (aujourd'hui Thessalonique) en macédoine grecque.
Ce port constituera, pendant toute la guerre, une importante base arrière afin de soutenir la Serbie, autre allié, envahie par les Austros-hongrois.
Décimés par les maladies autant que par la mitraille, les Poilus d'Orient auront terriblement souffert de l'isolement moral sur un front mal ravitaillé, et dénigré par l'état major : ne les a-t-on pas appelés « les jardiniers de Salonique », car réduits à rendre fertiles des terres incultes pour survivre.
Durant l'été grec, le casque colonial s'impose ! Mais, le désoeuvrement et l'ennui aussi ...
Joseph occupe ses rares moments de loisir à visiter et photographier ce monde nouveau qu'il découvre avec étonnement, lui qui n'avait jamais quitté son pays...
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