Les émigrants
La Compagnie Générale Transatlantique avait le souci du confort des passagers à bord de ses paquebots, mais aussi de ses wagons qui les amenaient sur le Havre ou les reconduisaient vers Paris. Pour preuve cet article paru dans la revue "la république illustrée"de juillet 1886. Elle nous présente comment étaient organisés ces trains avec tout le confort offert aux émigrants. La plupart de ceux-ci venaient de Paris Saint-Lazare, mais également de toute l'Europe en passant par Bâle en Suisse. Pour ces derniers des wagons aménagés étaient à leur disposition pour ce long voyage : 22 heures.
NB : Pour ceux qui désireraient lire entièrement l'article de cette revue, je vous le propose en entier à la fin de ce reportage. Les légendes des gravures sont celles de la revue.
Arrivée au Havre - Inscription et embarquement.
En un siècle, de 1820 à 1920, c'est 72 millions d'émigrants qui quittent l'Europe, et environ 3 milions par le Havre.
Le mot "tente" désignait le bâtiment où les passagers étaient accueillis, ce terme en souvenir du temps où il n'y avait pas de hangar sur le port.
Source : "les Havrais et la mer", de Jean Legoy, Philippe Manneville, Jean Pierre Robichon et Erik Levilly. Aux éditions du p'tit Normand 1987.
- 1 Vue du wagon - 2 coupe verticale
Toujours dans le livre "Les Havrais et la mer, on peut y lire cette phrase : "l'émigrant est pour le navire un excellent fret qui s'embarque lui même, se débarque lui même et paye cher " (Enquête parlementaire sur la marine marchande -Paris 1870.)
L'émigration cessera après la grande dépression économique de 1929. Cette interruption provoquera la crise de certains armements qui vivaient en grande partie de ces transports. (Les Havrais et la mer)
Train d'émigrants sur le port du Havre au début du XXe siècle.
(CP collection havrais-dire)
Approximativement le même endroit en 2011
(photo DH)
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Ci-dessous le texte intégral de la revue « la république illustrée», numéro 316 page 496 du samedi 31 juillet 1886.)
Les émigrants au Havre.
La Compagnie Générale Transatlantique, qui a introduit dans ses paquebots de New-York, des Antilles et de la Méditerranée, tout le confort désirable, a encore assuré à ses passagers partant de Paris ou y rentrant, des facilités qui méritent d'être signalées. On sait, par exemple, que les voyageurs pour New-York partent de la gare Saint-Lazare dans des trains directs qui traversent la ville du Havre , et vont aboutir au bassin de l'Eure, le long de la tente de la Compagnie au pied de la passerelle du paquebot en partance. Au retour, ce même train rapide prend les voyageurs arrivant de New-York à la descente du bateau et les amène à Paris en quatre heures environ.
Cette amélioration considérable introduite dans les conditions de transport, devait-elle être réservée aux favorisés de la fortune ? La Compagnie générale transatlantique ne l'a pas pensé ; elle a voulu l'assurer aussi aux émigrants de Suisse, d'Italie et d'Allemagne, c'est à dire à une catégorie de passagers qui, obligés de voyager très économiquement ont, par cela même, d'autant plus de droits à sa sollicitude.
Nos dessins font connaître l'heureuse réalisation de toute une organisation au profit des émigrants pour les États-Unis, organisation qui remonte à une date récente.
Des wagons spéciaux, traversés par un couloir central, contiennent 80 places, divisées par groupe de huit; les sièges rembourrés, larges et commodes, sont installés pour deux personnes.
Au dessus des sièges, des corbeilles pour berceaux ont été fort ingénieusement installées; ces berceaux sont garnis de petits matelas munis de courroies pour attacher les enfants pendant leur sommeil et éviter ainsi leur chute.
Un des wagons est divisé en deux parties; la première contenant 40 places, particulièrement réservées aux femmes seules et aux mères de famille; la seconde formant une salle de buffet.
Dans ce dernier compartiment, on distribue ou on vend du lait chaud pour les enfants, du café, de la bière, du vin, du pain et des viandes froides.
Chaque train d'émigrants a sa voiture-buffet, et tous les wagons communiquant entre eux par des plates-formes, tous les voyageurs peuvent avoir accès à ce buffet.
Nos gravures montrent très fidèlement et très clairement tous les détails et ces dispositions.
Les wagons des émigrants partants de Bâle, quittent la ligne de l'Est à la Villette, gagnent, par la ceinture le réseau de l'Ouest, à la gare des Batignolles, et se rendent directement au Havre, devant la tente de la compagnie générale transatlantique.
Le voyage se fait en 22 heures.
A leur descente des wagons, les émigrants trouvent sous la tente un déjeuner tout préparé, après lequel ils peuvent s'embarquer immédiatement, choisir leurs places dans l'entrepont et se préparer à la traversée qu'ils vont faire.
Les soins qu'ils ont reçus, depuis leur départ de Bâle, les émigrants les retrouvent à bord du paquebot, où ils sont placés sous la surveillance paternelle de l'état-major.
Nous avons pensé qu'il serait intéressant de faire connaître cette organisation, qui nous paraît digne des plus grands éloges.
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