Les bateaux du Havre, la traversée de la Seine. (2ème partie)
On ne peut concevoir ces traversées sans évoquer les passagers.
En fin d'article le compte rendu qu'un chroniqueur de la revue « Magasin Pittoresque », de juillet 1842, a fait d'une traversée. Son texte complète et enrichit la gravure du peintre M. Biard qui l'accompagne.
Peut-on imaginer qu'au XXe siècle toutes les traversées se passaient ainsi ? Sans doute que non, sur les cartes postales tous les passagers font « bonne figure » ou presque.
Voici quelques-unes des cartes postales éditées à ce sujet :
Il était courant d'envoyer une carte postale où l'on pouvait inscrire le nom du bateau en bas de la photographie, ici aucun nom n'est marqué. (coll DAN)
Sur le grand quai, les bateaux, ( ici l'Augustin Normand), attendent leurs passagers. Chaque destination ayant un espace délimité, comme on peut le constater sur cette carte postale. (coll DAN)
Sur cette photo l'embarquement s'effectue par marée basse. Remarquez les femmes en jolie toilette certes, mais peu pratique pour un tel voyage. (coll DAN)
Le beau temps aidant, tout le monde attend tranquillement la fin de la traversée ici, sur la "Touques". (coll DAN)
Parfois c'était la chaleur qui incommodait certains passagers comme ici sur l"Augustin Normand". (coll DAN)
Le débarquement des passagers de l'Hirondelle à Caen, sous l'oeil bienveillant du capitaine sur sa passerelle. (coll DAN)
La pente est très raide à marée basse pour débarquer, comme ici à Honfleur, devant le célèbre hôtel du Cheval Blanc. (coll DAN)
Cette carte postale, éditée par une marque de chocolat, indique dans sa légende le "Rapide", alors que les bouées de sauvetage sont au nom du François 1er. (coll DAN)
Voici ce qu'il en coûtait, en 1912, pour faire une de ces traversées.
Photo plus récente, ici en septembre 1934, à bord de l'Augustin Normand (coll DAN)
La Gravure de M. Biard, et, ci-dessous, le texte inspiré par cette gravure. (coll DAN)
«...les passagers atteints de cet horrible mal qu'on appelle le mal de mer, ne sont pas dans des dispositions joyeuses. Voyez en effet à quelles contorsions se livrent tous ces pauvres diables qui se sont embarqués pour aller en bateau à vapeur du Havre à Honfleur. Il ne s'agit que d'un trajet de quelques lieues : c'est une véritable partie de mer. Ils sont partis par un temps magnifique ; la mer était calme, l'air tiède : le bateau fend majestueusement les flots. Les uns lisent, les autres écoutent la romance d'un chanteur ambulant, ceux-ci boivent, ceux-là fument. Mais attendez un instant, la scène va changer : un grain menace tous ces joyeux navigateurs, il approche, il fond sur eux, les enlace de la tête aux pieds malgré tous leurs efforts pour s'en débarrasser, livre à leur estomac la plus rude bataille, et les jette sur le pont, pâles, à demi morts, en proie à d'horribles convulsions. Quel est ce mal qui change ainsi tout-à-coup en douleur la gaité la plus franche ? Moins que rien, vous répondra le capitaine du bord habitué à ces subites métamorphoses, c'est le mal de mer. Le mal de mer c'est à dire le mal le plus atroce qu'on puisse imaginer, le plus impitoyable et aussi le plus ridicule. Tout le monde doit lui payer tribut. Aussi, à l'exception de l'équipage et ce bon gros monsieur, protégé sans doute par la triple cuirasse de son embonpoint, il n'est pas un seul passager qui ne ressente ou qui ne ressentira bientôt les atteintes. L'uniforme n'en défend pas même le gendarme qui trébuche de la manière la moins belliqueuse du monde. Dans ce pêle-mêle, on oublie toutes les convenances ; c'est une véritable déroute : plus de distinctions sociales, plus de rang, plus d'âge, plus de sexe ; l'égoïsme se montre à nu dans toute sa laideur. Si la pitié trouve quelques cœurs compatissants, ce ne sera pas parmi les hommes, mais parmi les femmes. Plus courageuses, elles se roidissent contre la douleur, soutiennent les blessés, et prodiguent leurs soins sur le champ de bataille ».
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